Il ne dort plus. Somnole à peine.
Du fond de son atelier il la mate. Il la scrute.
Il l’observe.
Il ne pense pas. Ne réfléchit pas.
Seules ses mains s’oublient dans la terre.
Et lorsque le besoin dépasse l’envie, il en oublie même de manger.
Elle, il l’a rêvée. La nuit, elle est venue le visiter.
Déesse aux seins d’argile, il la modèle, la frôle. Jusqu’à la posséder.
Elle le laisse faire. La tête penchée, elle le regarde l’envelopper de ses grandes mains.
De ses doigts fins.
Des doigts faits pour sculpter.
Tantôt légers.
Tantôt appuyés.
Elle est amoureuse de lui. Se laisse effleurer.
Il la courtise. Il voudrait la posséder.
La pénétrer.
Son sexe est dur. Gonflé.
En elle il voudrait se déverser.
Il croit la dominer, mais c’est elle qui l’asservit.
A sa cause.
Pour sa vie.
Car sans lui, elle n’est rien.
Et sans elle… il n’est pas lui.
Alors le doute s’insinue. Nécessaire. Qui balaie les certitudes qui emprisonnent et empêchent d’avancer.
Se dépasser, sans complaisance.
Ne pas se conformer.
Jamais!
Et la magie opère.
L’âme agit. Malgré lui.
Apaisé.
Dans la terre ses pouces s’enfoncent, cherchent, fouillent, accouchent une épaule, un sein.
Seules ses mains décident, transcendent la réalité.
Pour atteindre le sublime.
Sa seule vérité.
19 Octobre 2020