Divagations…

Je voudrais peindre mes lèvres et me trouver jolie et imprimer un baiser sur vos joues et m’assoir près de vous, prendre un livre au hasard et le lire à voix haute, en détacher chaque syllabe, chaque mot, chaque virgule et rire ensemble à gorge déployée, grimper à la cime des arbres et contempler la vallée, et me promener au jardin des tuileries à vos côtés, vous prendre la main et vous laisser me guider, je voudrais me hisser sur la pointe des pieds, regarder au dessus de votre épaule, et suivre des yeux la direction de votre doigt, qui me montre un truc là bas, et vous dire que je le vois, même si je ne le vois pas, et venir dans vos bras, et m’y serrer, et y rester, caresser votre odeur, respirer la chaleur de votre corps, en effleurer votre peau et sentir votre main sur mon cul, la pulpe de vos lèvres dans mon cou, et être prise d’une furieuse envie de vous toucher, ici, maintenant, et de vous renifler, et je voudrais vous morde et vous laisser me croquer, augmenter la sensibilité, capturer la lumière et surexposer cet instant, tout pile ce moment où mon âme flirte avec vos pensées, je voudrais agripper votre tignasse, mèche rebelle qui se rebelle, et enlever vos chaussures et les ranger à côtés des miennes et marcher pieds nus dans la rosée, et marcher dans vos pas et vous entendre me dire « tu es chiante » et vous répondre « toi aussi » et nous assoir dans l’herbe et se relever, vite, parce qu’après le cul mouillé ça gratte, et  nous dépêcher de rentrer, nous  glisser dans les draps, me coller contre vous, appuyer mes seins lourd à votre dos et toucher votre désir du bout de  mes doigts, l’emprisonner entre mes mains et vous laisser empoigner mes reins, et rouler, et tomber du lit et se recoucher, et tomber à nouveau, et se réveiller les yeux tous collés, et dévorer une tartine de confiture trempée dans du lait, et bouffer à la cuillère du cacao en poudre qui fait tousser, et tousser et recommencer, parce que c’est trop bon, parce que ces moments là il ne faut pas les oublier, et vous quitter avant que la gangrène ne gagne, que le poison s’installe, pour ne pas laisser la place à l’amertume des lendemains et vous lâcher la main dans un tourbillon, au petit matin, essayer de ne pas pleurer, je suis grande maintenant et vous dire « tu fais chier » et vous entendre répondre « toi aussi », parce que c’est çui qui dit qui est… Laissez moi divaguer…

 

 

3/11/20